Cite Soleil : la superstition, le sang et l’indifférence, jusqu’où ira la barbarie ?

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Wandy CHARLES

Cité-Soleil a été le théâtre d’une barbarie qui transcende l’imaginable. 184 âmes, arrachées à la vie en 48 heures, sous le règne de terreur d’un individu: Micanor Altès, alias “Wa Mikanò”. Ce massacre, dont l’horreur dépasse les mots, illustre la descente inexorable d’un État haïtien en déliquescence.

C’est un fleuve rouge qui traverse Wharf Jérémie, où des vieillards venus simplement jouer aux dominos ont trouvé la mort, exécutés pour apaiser les superstitions délirantes d’un chef de gang. Le prétexte ? Une maladie imputée à un prétendu sort vodou. Mais au fond, qu’importe la justification, quand le crime n’a d’autre fondement que la sauvagerie pure ?

Les mots des autorités sonnent creux, tels des échos d’un vide abyssal. « Condamnation ferme », « machine répressive » : autant de formules ronflantes déjà mille fois déclamées. Mais où est la répression ? Où est la justice ? Dans cette rhétorique usée, on ne perçoit que l’impuissance institutionnalisée, l’abandon d’un peuple livré à la merci des fusils et de la terreur.

Les bandits armés, véritables souverains des ruelles, dictent leur loi avec une insolence déconcertante. Ils ne défient pas seulement l’État : ils l’ont surplanté. À Cité-Soleil, la République n’est plus qu’un souvenir lointain. L’État, ce fantôme dépouillé de toutes autorités, se contente de condamner verbalement alors que ses citoyens gisent dans des charniers improvisés.

Et nous, spectateurs impassibles, que faisons-nous ? Sommes-nous complices par notre silence, par notre acceptation tacite que la vie humaine ait si peu de valeur sous ces cieux ?

Ce carnage, cet acte de terreur débridée, n’est pas seulement un crime contre les victimes directes. Il est une attaque contre l’âme même de notre société. En laissant le chaos triompher, nous signons collectivement l’arrêt de nos valeurs et principaux moraux.

Haïti, terre des héros révolutionnaires, se meurt sous le poids de la violence et de l’indifférence. À quand le sursaut ? À quand la révolte d’une nation entière contre cette inhumanité qui gangrène ses entrailles ? Jusqu’à quand faudra-t-il compter les morts pour réveiller la conscience des vivants?

Vant Bef Info(VBI)