Haïti : un pays mal-aimé et asphyxié !
Getting your Trinity Audio player ready...
|
Par Wandy Charles
Haïti suffoque, isolée du reste du monde, comme abandonnée à son propre sort. Depuis plus d’un mois, aucun avion commercial ne survole la capitale, Port-au-Prince, et les ports ne voient plus l’ombre d’un bateau depuis des mois. Les routes nationales, autrefois artères vitales de l’économie, sont aujourd’hui des couloirs de mort ou d’extorsion, complètement bloquées par des bandes armées qui dictent leur loi dans une impunité totale.
Le résultat ? Une crise humanitaire à ciel ouvert. Les hôpitaux manquent de médicaments, les pharmacies peinent à approvisionner les populations, et les ménages s’enfoncent dans une insécurité alimentaire sans précédent. Cette situation, qui devrait mobiliser l’appareil d’État au plus haut niveau, est accueillie dans une apathie choquante par les autorités. L’État haïtien semble s’être habitué à cette déchéance, comme si elle faisait désormais partie d’une normalité quotidienne.
Pendant ce temps, les gangs prospèrent, renforçant leur emprise sur des territoires de plus en plus vastes. Ils imposent des postes de péage, extorquent les usagers, et s’affrontent violemment pour leur contrôle. Ces pratiques, dignes d’un État parallèle, se déroulent en plein jour, sous les yeux des autorités qui peinent à apporter des réponses significatives.
Ce statu quo est insoutenable. En tolérant l’inacceptable, l’Etat haïtien les pays dits amis trahissent cette mission sacrosainte: protéger les citoyens et garantir leur accès aux droits fondamentaux. Pire, il agit comme une complice silencieuse de cette désintégration sociale et économique. Cette paralysie des autorités haïtiennes et de la communauté internationale face à cette anomie caractérisée et une criminalité organisée n’est pas seulement un échec ; c’est une abdication.
Où sont les actions concrètes pour rétablir un semblant de souveraineté sur les routes, les ports et les aéroports ? Où sont les plans d’urgence pour ravitailler les hôpitaux, les marchés, les familles ? Un État digne de ce nom ne doit pas affichée cette insensibilité glaçante envers les souffrances des couches les plus vulnérables.
Face à cet abandon généralisé, Haïti mérite mieux que des promesses fallacieuses et des condamnations formelles. Ce pays, asphyxié, n’a pas seulement besoin d’un État ; il a besoin d’un État fort, déterminé et humain. Les dirigeants doivent sortir de leur torpeur et se rappeler qu’ils sont les gardiens d’une nation, non les spectateurs passifs de sa chute.
Haïti suffoque, mais elle ne doit pas mourir. Il est encore temps d’agir pour sauver ce qui peut l’être. Mais pour cela, il faut avoir le courage de faire face à la réalité et de prendre des décisions audacieuses et impopulaires. L’histoire jugera durement ceux qui auront choisi l’immobilisme en temps de crise.