700 000 gourdes par mois pour un membre du comité de pilotage : rémunération légitime ou privilège indécent ?
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La révélation d’Enex Jean-Charles, ancien Premier ministre et président du comité de pilotage de la Conférence nationale, fait polémique. Selon lui, les membres du comité ne perçoivent pas de salaire, mais des « jetons de présence » pouvant atteindre jusqu’à 700 000 gourdes par mois. Une annonce qui suscite l’indignation dans un contexte où le pays fait face à une crise économique sévère et à l’effondrement des institutions publiques.
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Un luxe injustifiable dans un pays en crise ?
Port-au-Prince, le 11 février 2025 – Haïti traverse l’une des périodes les plus difficiles de son histoire récente : insécurité croissante, inflation galopante, institutions paralysées et services publics défaillants. Pour Me Jean-René Dorléans, juriste et spécialiste en droit public, une telle rémunération est en total décalage avec la réalité.
« On nous parle d’un comité chargé de redéfinir l’avenir du pays, mais comment justifier qu’un membre du comité de pilotage puisse toucher une somme aussi élevée alors que les fonctionnaires de l’État, les enseignants et les médecins peinent à percevoir leur salaire ? », s’interroge-t-il. Selon lui, cette situation illustre un problème d’équité et de transparence dans la gestion des fonds publics.
Un besoin de professionnalisation ou une rente politique ?
Certains acteurs plaident néanmoins pour une rémunération adéquate des membres du comité, estimant qu’elle est essentielle pour garantir un travail sérieux et indépendant. Jean-Louis Morissette, politologue et analyste des institutions démocratiques, défend cette position :
« Organiser un référendum et des élections nécessite une structure compétente et des experts capables de naviguer dans un environnement complexe. Si nous voulons des résultats crédibles, il faut que les personnes impliquées soient correctement rémunérées. Sinon, elles deviennent vulnérables à la corruption et aux pressions politiques. Toutefois, la question de la transparence demeure : comment ces montants sont-ils fixés ? Qui en contrôle l’attribution ? »
Un détournement des priorités démocratiques ?
Du côté de la société civile, cette rémunération est perçue comme un détournement des ressources publiques. Marie-France Bastien, militante engagée pour la refondation démocratique, dénonce un système qui favorise le népotisme et l’exclusion populaire :
« Ces comités sont souvent composés de personnalités choisies non pour leur compétence, mais pour leur proximité avec certains groupes d’influence. Qui représente réellement le peuple dans ces débats ? Si les secteurs représentés savaient que ces membres perçoivent de telles sommes, choisiraient-ils les mêmes représentants ? »
Vers une réforme transparente du processus électoral ?
Au-delà de la polémique sur les rémunérations, cette controverse pose la question de la légitimité et de l’efficacité des institutions en charge du processus démocratique. Si la Conférence nationale veut aboutir à un véritable consensus, elle devra faire preuve de transparence et d’inclusion. Faute de quoi, elle risque de perdre toute crédibilité avant même d’avoir produit des résultats concrets.
Les prochains mois seront déterminants : ce comité sera-t-il un véritable levier de transformation démocratique ou un nouvel exemple de mauvaise gestion des ressources publiques ?
Judelor Louis Charles
Vant Bèf Info (VBI)