7 février : demain est incertain !

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Demain est incertain. Il en a toujours été ainsi en Haïti où l’espérance de vie est de 24 heures renouvelable. Cependant, demain mercredi 7 février est encore plus incertain. Pas à cause de son symbolisme dans l’histoire récente du pays, mais en raison de la crise socio-politique qui s’est accentuée dans le pays depuis l’assassinat de l’ex-président, Jovenel Moïse. De quoi demain, 7 février, sera fait ?

Crédit photo Ted Actu

Pétion-Ville, 6 février 2024.- 7 février 2024, tout le monde en Haïti, sinon presque, attend cette date fatidique. Comme si, la date en elle-même allait ou pouvait changer quoi que ce soit. En prélude à celle-ci, les opposants au pouvoir en place ont montré leurs muscles. Les figures de proue de l’opposition politique- si opposition il y en a- étaient tous dans les rues. Et le scenario habituel : barricades, pneus enflammés, blocage de route, des manifestants usés par les tracasseries de la vie quotidienne ont laissée échapper leur colère. Ils ont pillés des magasins, orchestré des casses et mis le feu. Des agents de la BSAP, armes en main, ont donné peut-être, des ailes à la foule. Elle a, en effet, tenté de piller des hôtels.

Pétion-ville a été particulièrement visée

Le peu de magasins qui étaient ouverts ont vite baissé leurs rideaux de fer. Les détaillants et piétons qui vaquaient à leurs activités ont été contraints de rentrer chez eux ou de s’abriter. Les balles pleuvaient. Il y aurait des morts et des blessés. La police, dépassée comme d’habitude, essayait de limiter les dégâts. Toutefois, le spectacle était lugubre. Cela aurait pu être pire.

Mais il est encore tôt

Oui, il est encore tôt, parce que les contradicteurs d’Ariel Henry tiennent mordicus. « Il n’y aura pas de répit », promettent les fers de lance de cette mobilisation anti-gouvernementale. Tard dans l’après-midi, ils étaient remarqués à Pétion-ville, lieu favori et/ou stratégique, pour mener la dernière manche du combat contre le premier ministre. Dans d’autres zones telles Delmas, des citoyens qui adhèrent au mouvement de protestation se lancent dans une sorte de veillée. Ils ne vont pas fermer l’œil de la nuit , c’est « San Kanpe » !, disent-ils.

Bruit de balle et silence gouvernemental

Entre-temps, le concert de cartouches continue un peu partout dans la capitale et ses environs. S’il est vrai que le bruit des balles ne constitue plus une nouvelle en Haïti, il n’en demeure pas moins qu’il traumatise une bonne partie de la population. Et ce soir encore, nous n’en serons pas épargnés. Comme un pays en guerre, les rafales viennent ajouter à la variabilité des événements à venir. Et dire que les forces de l’ordre n’ont pas rassuré. Aucune communication d’envergure, si non un rappelle du commissaire du gouvernement de Port-au-Prince sur le port d’armes interdit dans les manifestations.

Crédit photo: Ted Actu

Du côté du pouvoir, c’est le grand silence aussi. De ce côté, le mutisme est une habitude, l’inaction tout autant. Pas une note, pas de conférence en grande pompe. Aucune mobilisation visible. Aucune convocation. Comme si tout allait bien, comme si le destin d’un pays n’était pas en jeu. Ici, c’est comme ça : les politiciens (ceux du pouvoir comme ceux de l’opposition) sont comme des enfants qui jouent sur une fourmilière. Et quand ça foire, c’est la population la plus démunie qui en paie le pot cassé. Et pour cette catégorie, demain sera toujours incertain.

Wandy Ferrari CHARLES
VANT BEF INFO (VBI)