221 ans d’indépendance : Haïti face à ses défis, son héritage et son avenir

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Par Wandy CHARLES

1084-2025. Deux cent vingt et un ans se sont écoulés depuis qu’Haïti, première République noire au monde, a fait trembler les fondations du système esclavagiste mondial. En proclamant son indépendance, ce petit territoire des Caraïbes a marqué à jamais l’histoire de l’humanité.

La Révolution haïtienne, portée par des figures mythiques telles que Jean-Jacques Dessalines, Toussaint Louverture, Henri Christophe, et tant d’autres héros et héroïnes anonymes, demeure une épopée incomparable. Ces hommes et femmes, arrachés à leur terre natale et réduits à l’état de marchandise, ont osé briser leurs chaînes. Ils ont redéfini le sens même de la liberté et de la dignité humaine.

Pourtant, cette indépendance conquise au prix du sang a été perçue, dès ses débuts, comme une menace pour l’ordre établi. Haïti, symbole d’émancipation et d’insoumission, a été ostracisée, mise au ban des nations. Les puissances coloniales, refusant de reconnaître cette victoire éclatante contre l’injustice, ont conspiré pour asphyxier cette jeune république.

Le poids des injustices extérieures

Haïti a été contrainte de payer une dette d’indépendance inique, imposée par la France en 1825 sous la menace de représailles militaires. Cette rançon, évaluée à 150 millions de francs or, a appauvri le pays pour des générations. Cette dette, fruit de l’avidité et de l’arrogance coloniales, a saigné une nation déjà fragile et l’a empêchée de bâtir les bases solides d’une prospérité durable.

Les grandes puissances ont alimenté un système d’exploitation économique et de marginalisation politique, réduisant Haïti à un état de survie permanente. À travers les décennies, ce poids historique a pesé lourdement sur le développement du pays, freinant son essor et déformant son potentiel.

Les responsabilités internes

Si les puissances extérieures ont œuvré à la ruine d’Haïti, il serait malhonnête d’ignorer les failles internes. Les fils et filles de ce pays, les héritiers de Dessalines, ont eux aussi contribué à cet état de délabrement.

Les élites haïtiennes, bien souvent déconnectées des réalités du peuple, n’ont pas su honorer l’héritage des fondateurs. À la place d’une gouvernance éclairée et patriote, les intérêts égoïstes, la corruption et les luttes fratricides ont pris le dessus. Les divisions internes et l’avidité ont sapé les fondements mêmes d’une nation qui aurait pu rayonner au-delà de ses frontières.

Un pays en souffrance

Aujourd’hui, Haïti se trouve à un carrefour critique. L’insécurité, alimentée par des gangs armés, ravage les communautés. La violence aveugle, la pauvreté endémique et une crise interminable plongent le pays dans un abîme qui semble sans fond.

La population, démunie et meurtrie, aspire à une vie digne, à un futur où elle pourrait vivre et prospérer comme des êtres humains. Elle espère que les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité, pour lesquels ses ancêtres se sont battus, puissent un jour redevenir une réalité.

À l’aube de ce 221e anniversaire d’indépendance, il est impératif de réfléchir. Que voulons-nous léguer aux générations futures ? Allons-nous perpétuer ce cycle de destruction, ou de préférence nous unir pour reconstruire ce pays ?

Il est temps de faire honneur à nos aïeux. Il est temps de redonner vie à leurs idéaux et de bâtir une nation fière et forte, à la hauteur de leur sacrifice. Il est temps que les Haïtiens se lèvent, ensemble, et marchent sur les traces de « Dieussalines » et de ses compagnons.

Vant Bèf Info (VBI)

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