15 ans après le séisme du 12 janvier 2010, l’aide internationale en question
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Le 12 janvier 2010, un séisme dévastateur a frappé Haïti, causant la mort de plus de 230 000 personnes et laissant 1,5 million de sans-abris. Quinze ans plus tard, malgré l’afflux de 13 milliards de dollars d’aide internationale, le pays peine à se relever. La question reste ouverte : cette aide a-t-elle été une bénédiction ou une malédiction ?
Où est passé l’argent de la reconstruction ?
Face à l’urgence humanitaire, la communauté internationale s’est mobilisée massivement après le séisme. Pourtant, selon un rapport de l’ONU, moins de 10 % des fonds ont été directement alloués au gouvernement haïtien.
La majeure partie de l’aide a été gérée par des ONG et des agences internationales, soulevant des interrogations sur la transparence et l’efficacité des projets financés.
« Beaucoup de projets sont restés inachevés. Des hôpitaux, des écoles et des logements promis n’ont jamais vu le jour », déplorent plusieurs analystes.
Le cas de Canaan, une ville improvisée pour reloger les sinistrés, est emblématique. Devenue une zone de non-droit, Canaan est aujourd’hui le fief du gang de Jeff Canaan, un chef de gang redouté. Cette ville illustre les ratés de la reconstruction et l’absence de planification à long terme.
Aide internationale : opportunités manquées ?
Si l’aide internationale a permis de sauver des vies à court terme, les résultats à long terme restent mitigés.
Des milliers de personnes ont bénéficié de la nourriture, de l’eau potable et des soins médicaux après le séisme. Cependant, quinze ans après, les infrastructures essentielles demeurent fragiles.
L’absence de réformes structurelles et la dépendance accrue aux bailleurs de fonds ont affaibli la résilience du pays face aux catastrophes naturelles. En 2021, un autre séisme a touché le sud du pays, révélant les lacunes de la reconstruction post-2010.
Leçons à tirer : vers une aide plus efficace ?
Quinze ans après, des experts appellent à repenser le modèle d’aide internationale.
Parmi les solutions proposées :
- Impliquer les acteurs locaux pour garantir des projets adaptés et durables.
- Renforcer les institutions haïtiennes afin d’assurer une gestion efficace des ressources.
- Privilégier la transparence dans la gestion des fonds pour regagner la confiance du public.
Le cinéaste haïtien Raoul Peck a illustré ces enjeux dans son documentaire « Assistance Mortelle », dénonçant les dérives de l’aide humanitaire.
« Haïti doit trouver un équilibre entre recevoir une aide efficace et construire son autonomie », martèlent les analystes .
Jean Allens Macajoux
Vant Bèf Info (VBI)